Cette méditation porte sur la vacuité et la plénitude et s’inscrit dans une série de trois méditations sur le thème du sentiment d’exister.
Elle part d’une interrogation centrale : la vacuité est-elle antinomique avec le sentiment d’exister? En effet, comme nous le verrons plus tard, le sentiment d’exister désigne une façon d’être particulière et singulière. Tandis que dans le langage courant, la vacuité renvoie à une notion de vide, d’absence, d’inconsistance, de manque d’intérêt et de manque de plaisir.
Le thème de la vacuité m’a aussi été inspiré par un courrier que m’a envoyé Elodie C. :
C’est la deuxième fois que je t’entends parler de la vacuité. Ayant étudié la méditation bouddhiste, pourrais-tu me dire ce que tu entends par ce terme ? Par ailleurs, tu as dit plus tard dans la méditation : « Nous ne cherchons pas le vide mais la plénitude ». Cela a résonné car j’ai toujours compris la vacuité comme étant justement pour moi la plénitude.
Elodie C.
Phase introductive
Je n’ai pas souhaité discourir autour de la vacuité et du sentiment d’exister. J’ai proposé une immersion directe dans la méditation en créant les conditions d’expérience de la vacuité.
Immersion
J’ai déployé la méditation en trois phases, chacune d’elle invitait à explorer la vacuité sous divers angles.
- 1ère phase : J’ai proposé aux méditants un premier niveau de compréhension de la vacuité à travers l’expérience du silence, de l’immobilité et de l’atmosphère visuelle.
Ne rien sentir, ne rien voir, et n’entendre que l’absence de bruit renvoie à un état de vide. Mais dès lors que le silence s’habille de votre présence, que l’immobilité révèle la mobilité intérieure, et que l’atmosphère visuelle se colore et s’anime d’un mouvement, il s’agit d’un état de plénitude. Il ne peut y avoir un état de vacuité dès lors qu’une résonance s’installe entre l’observateur et l’objet observé.
Danis Bois
- 2ème phase : Puis j’ai invité les méditants à expérimenter la vacuité sous le prisme du Bouddhisme.
En guise d’illustration, j’ai repris la phrase d’un sage qui apprend à son élève à méditer : « Votre tasse est trop remplie, il faut d’abord la vider avant d’apprendre à méditer. »
J’ai invité les méditants à expérimenter les différentes expressions de la vacuité et notamment celle qui concerne l’ego que j’ai entrevu sous le prime du Bouddhisme pour qui la vacuité est « l’absence d’existence propre ».
– Faire le vide de ses pensées
– Faire le vide de son émotivité
– Faire le vide de ses attentes, de ses besoins
– Faire le vide de ses croyances, de ses représentations
– Faire le vide de tout ce que nous croyons être
Faire le vide afin que nous puissions le remplir de nouveauté, de nouveaux points de vue, de nouvelles manières d’être. En somme, il s’agit de changer d’attitude pour aller vers davantage d’ouverture.
Danis Bois
- 3ème phase : troisième niveau de compréhension de la vacuité : A quoi reconnait on que l’on expérimente la vacuité dans la méditation pleine présence ?
J’ai proposé pendant la méditation de reconnaitre en soi les indicateurs internes de la vacuité, à savoir :
– Quand notre pensée devient tellement discrète qu’on a le sentiment de ne pas penser.
– Quand notre respiration devient tellement discrète qu’on a le sentiment de ne pas respirer.
– Quand nous avons le sentiment d’être aussi bien en dehors qu’en dedans (vacuité spatiale)
– Quand nous avons le sentiment de vivre un moment d’éternité (vacuité temporelle)
– Quand nous nous sentons stable, calme, solide, tranquille, indépendamment de l’extérieur.
– Quand nous sommes sans attente, sans besoin, sans jugement.
Il est nécessaire de faire le vide pendant la méditation pour rencontrer le sentiment de plénitude offert par le mouvement interne.
Danis Bois
Il n’y a pas eu de temps d’échange et de partage, la méditation ayant pris toute la place de cette rencontre.
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