#99- L’immobilité active

Depuis le début du trimestre les méditations proposées ont permis d’explorer les principaux supports de la méditation. Rappelons que pour Danis Bois les supports désignent ce sur quoi l’attention, la conscience et la présence s’appliquent, mais dans une vision plus dynamique, les supports permettent de déployer les potentialités perceptives, cognitives, relationnelles et comportementales.

Après avoir étudié dans les semaines précédentes le support du silence, de l’instant présent et de ses variations, vient le moment d’approfondir deux nouveaux supports que sont l’immobilité et l’immobilité active, c’est-à-dire animée du mouvement interne.

Dans cette méditation, Danis Bois explore à travers le mouvement interne, ce que le poète T. S. Elliot appelle “immobilité mouvante” ou ‘immobilité vive” ou plus simplement, “la danse”.

Après avoir construit l’immobilité, celle-ci est ensuite entrevue comme étant un facteur de révélation du mouvement interne à l’intérieur du corps. C’est à travers la métaphore de la statue que les participants sont invités à percevoir leur immobilité stable et solide, puis à imaginer que la statue qu’ils sont, prend vie de plus en plus, comme si l’état d’absence progressivement se transformait en un état de présence.

Extraits :

Je vous invite à imaginer que vous êtes une statue et, comme toute statue vous vous sentez impassible. Impassible aux événements extérieurs. (…)

Quand vous sentez votre appui sur le dossier de votre chaise ou un autre appui, c’est le signe que vous vous touchez, que vous sentez ce que vous ressentez. 

Mais il y a un autre signe qui vous permet de vous toucher vous-même, de vous sentir touchés par vous-même, c’est la présence du mouvement qui glisse dans votre matière.

Ainsi dans le cheminement de la découverte de soi vous êtes maintenant au cœur d’un moment d’expérience unique, royal, qui permet d’attraper au vol cette mouvance lente et majestueuse, une immobilité vive comme le dit le poète T.S. Elliot.

Cette immobilité active est pleine d’imprévus. E cet inattendu devient la nourriture de notre vie.

Ainsi dans cette zone mouvante il y a tout ce que nous sentons, tout ce que nous pensons, tout ce que nous sommes, mais il y a aussi cette présence de ce mouvement qui est à la fois mobile et immobile.

Qui nous donne le sentiment d’être, le sentiment d’exister différemment. 

Une immobilité mouvante et émouvante et cette expérience échappe trop souvent à la conscience des êtres humains.

Que serait la vie sans futur, que serait la vie sans subjectivité, que serait la vie sans ce mouvement, c’est ce à quoi pense probablement le Penseur de Rodin.

Et le poète T.S. Elliot nomme cette immobilité mouvante, cette immobilité vive : la danse. Une danse qui exprime l’instant éternel et l’éphémère, en même temps.

Ainsi cette expérience de la vie en soi est une évidence pour celui ou celle qui s’éveille à cette présence, car il s’agit bien d’une présence, et rend visible l’invisible, et rend présent une absence, et c’est ainsi pour poursuivre notre métaphore que la statue au fond du jardin s’est éveillée à la vie. 

Danis Bois